d’Octave-Louis Aubert (23 janvier 1923)

Lettre dactylographiée, avec signature autographe, d’Octave-Louis Aubert, journaliste et fondateur de La Bretagne touristique, sur papier avec en-tête de la revue : “La Bretagne Touristique / Revue illustrée des intérêts bretons / Directeur : O.-L. Aubert / Bureaux : 10, rue Charbonnerie / Saint-Brieuc / Téléphone-Administration : 4-32 / Téléphone Rédaction : 3-03 / Compte Chèque postal : Rennes 33-25″. 1 page (21 x 27 cm).

Saint-Brieuc, le 23 janvier 1923

Monsieur Saint-Pol-Roux

Manoir de Cœcilian Camaret

Mon cher ami,

Veuillez m’excuser de n’avoir pas répondu plus tôt à votre aimable lettre du 18 Janvier^[1], elle m’est arrivée pendant que j’étais mon en voyage. Ainsi que vous me le demandez je vous retourne votre copie pour que vous la remettiez la Légende^[2] en vers libres. C’était ma première impression qu’elle ferait mieux ainsi.

Inutile de vous presser pour me la retourner nous avons en effet devant nous tout le temps pour faire une édition convenable^[3]. Je dois revoir Madame Tarquis^[4] et nous étudierons ensemble la présentation de ce charmant ouvrage, mais il sera nécessaire de faire graver des bois spéciaux ; nous demanderons cela à Foulon ou à Jeanne Malivel^[5].

Demain je me rends à Rennes pour la mise au point de la Fédération des Arts. Je vous tiendrai au courant^[6].

Dans l’attente de vous lire, veuillez, Mon cher Ami, croire à l’expression de mes sentiments les plus distingués.

OLAubert

[1] Cette lettre de Saint-Pol-Roux ne nous est pas parvenue.

[2] Il s’agit, sans nul doute, de “La Légende des yeux”, composée en “hommage à Jean-Julien Lemordant” et publiée, sous la forme d’un poème en prose, dans La Dépêche de Brest du samedi 11 novembre 1922 (voir notre Bulletin des Amis de Saint-Pol-Roux, n° 9-10). Comme de nombreux poèmes en prose de Saint-Pol-Roux, celui-ci, fortement rythmé et assonancé, fut peut-être, ainsi que le laisse penser la phrase d’Aubert, d’abord rédigé en vers libres. Une copie en vers libres de “La Légende des yeux”, réalisée par une autre main que celle du poète, a d’ailleurs été retrouvée dans les papiers conservés par Divine.

[3] Le directeur de la toute jeune Bretagne touristique, fondée l’année précédente, avait-il déjà à cette époque le projet d’éditer, parallèlement à sa revue, une collection de livres d’art à destination des bibliophiles bretons ? Si les éditions de La Bretagne touristique ne naîtront finalement qu’en 1926, Saint-Pol-Roux semble avoir proposé à Aubert d’éditer en un volume illustré son “Hommage” au peintre Lemordant.

[4] Magda Tarquis dirigeait alors la compagnie des “Chevaliers de la Table ronde” qu’elle avait cofondée avec Saint-Pol-Roux. Sans doute s’était-elle proposée de financer l’édition de La Légende des yeux.

[5] Si le nom de Foulon nous demeure mystérieux, celui de Jeanne Malivel (1895-1926), qui collaborait, comme illustratrice et graveuse, à La Bretagne touristique nous est davantage connu. Son engagement artistique participa au renouvellement de l’art et de l’artisanat breton, mouvement dans lequel s’inscrivaient également Magda Tarquis et ses “Chevaliers de la Table ronde”.

[6] Pour des raisons que nous ignorons, le projet éditorial n’eut pas de suite. Saint-Pol-Roux ne collaborera que deux ans plus tard à La Bretagne touristique, lui donnant son article “Mary Piriou, peintre” (n° 43, 15 octobre 1925). Rebaptisée plus simplement Bretagne, la revue accueillera ensuite, tout au long des années 1930, plusieurs textes du poète.