Photographie de la façade Est du Manoir par Georges-Louis Arlaud (1869-1944). Tirage photographique noir et blanc sur papier (24 x 18 cm), daté de 1923. Provenance : don René Rougerie.
Les années de guerre et d’après-guerre furent des années noires pour le poète et sa famille, qui conduisirent Saint-Pol-Roux à penser vendre le Manoir pour s’installer dans le Sud ou rentrer à Paris. Mais les dégradations nombreuses causées par les tempêtes successives et l’impossibilité financière de les réparer avant longtemps – il faudra attendre 1930 pour engager des travaux de restauration coûteux – empêchèrent la vente de se concrétiser. On devine sur le cliché d’Arlaud quelques-uns des dégâts subis par la toiture dont certains endroits semblent avoir été rafistolés.
Photographie de G.-L. Arlaud : Vue de la façade Est du Manoir (1932) – © Archives municipales de Camaret-sur-Mer [don René Rougerie]
Les grands poètes fiers meurent dans l’indigence : la fin de Baudelaire, de Jarry ont beau faire verser des larmes de crocodile, il y a quelque part, en Bretagne, un homme adorable sur qui s’acharne un semblable destin. À soixante-quatre ans, cet homme, qui fut à tous égards une providence, voit le vent et la pluie crever son manoir. Il ne se plaint d’ailleurs pas (lui, se plaindre !) et pourtant, dans le même temps, l’absurde Henri de Régnier se prélasse à l’Académie française, pourtant il continue à être question de Mme de Noailles ?
André Breton, “La dernière grève”, La Révolution surréaliste, n° 2, 15 janvier 1925, p. 2.