Photographie d’Amélie Saint-Pol-Roux prise sur le quai de Camaret-sur-Mer (on distingue dans le coin supérieur gauche la chapelle Notre-Dame de Rocamadour sur le sillon). Nom du photographe non précisé, sans date [ca 1905] (10,5 x 15 cm). Provenance : don René Rougerie.
Amélie Saint-Pol-Roux sur le quai de Camaret (ca 1905) – ©Archives municipales de Camaret-sur-Mer [don René Rougerie]
Amélie, comme nous avons déjà eu l’occasion de l’écrire, était une femme élégante ; et son apparition dans les rues ou sur le quai de Camaret ne devait pas manquer d’étonner commerçants et pêcheurs bien que la présence, l’été, de nombreux visiteurs parisiens, eût accoutumé leur œil à une certaine sophistication vestimentaire. Le souvenir d’Amélie, toutefois, est celui d’une épouse discrète, discrétion que d’aucuns purent prendre pour une forme de distance. Il n’en fut rien. À l’instar du poète – le plus souvent à ses côtés -, elle s’investit dans la vie finistérienne. Nous n’en donnerons qu’un exemple, en citant un article de La Dépêche de Brest du 12 juillet 1911 (p. 2) :
La Petite Fleur Bleue
Croix-Rouge française
(Union des femmes de France)
Ayant agréé la proposition que, dès la première heure, lui avait soumise Mme Saint-Pol-Roux, de parcourir l’arrondissement de Châteaulin afin de vendre la « Petite fleur bleue » au profit de nos soldats, malades et blessés, le comité brestois de l’Union des Femmes de France a l’honneur de prévenir les habitants du chef-lieu et des chefs-lieux de canton dudit arrondissement qu’une automobile portant le drapeau de la Croix-Rouge, et amenant Mme Saint-Pol-Roux et ses collaboratrices, les visitera vendredi 14 juillet, jour de la Fête nationale.
L’heure approximative de cette visite sera publiée en temps utile.
MM. les maires des chefs-lieux auront été courtoisement priés, par lettre, d’aviser leurs collègues de la municipalité, des écoles et sociétés locales, du passage de l’automobile.
Le poète Saint-Pol-Roux et de dévoués quêteurs assisteront les dames de charité.
De plus, MM. les maires des communes placées dans le circuit, entre deux chefs-lieux, sont invités aussi à faire bon accueil à nos messagères. Étant donnée l’intention hautement humanitaire de la Croix-Rouge, les populations de ces communes pourraient, sur un appel, se réunir dès l’arrivée, sur la place publique, de façon à prendre part à la vente, nécessairement rapide, vu l’itinéraire à parcourir en une seule journée.
Dans les chefs-lieux : Crozon, Châteaulin, Pleyben, Châteauneuf, Carhaix, Huelgoat, Le Faou, où l’arrêt sera plus long — une demi-heure au minimum — Mme Saint-Pol-Roux et ses collaboratrices laisseront, après leur vente, un lot de « petites fleurs bleues » entre les mains de M. le maire, avec prière de former un poste d’honneur — ces postes devant permettre aux habitants qui n’auraient pu assister à la halte de l’auto de se procurer le « Souvenir » dans la suite de la journée.
Le comité sollicite les cités et villages de l’arrondissement de Châteaulin de réserver une bienveillante hospitalité à l’automobile de la Croix-Rouge française.
Heureux voyage à cette randonnée de la Fraternité !
L’édition du 16 juillet précisera que la recette dépassa les 5.000 francs.
Document lié : Amélie Saint-Pol-Roux devant le Manoir (ca 1905-1906)